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julien moreaux

L'œil du pratiquant : interview de Jean-Pierre ROBERT.


Quelles sont les disciplines que tu pratiques et depuis quand ? et depuis quand enseignes-tu ?


Actuellement j’étudie, pratique et enseigne trois disciplines régulièrement. Le kobudo Katori Shinto Ryu, le Kyudo (tir à l’arc japonais), le tai chi chuan forme yang diverse.

J’ai débuté l’aïkido en 1977. Mon premier diplôme d’instructeur me fut donné par la fédération Française Libre d’aïkido et de Budo en 1980. Il fut ma première discipline martiale. Je l’ai pratiqué parallèlement au kobudo et au tai chi chuan durant quinze ans.


Quel âge as-tu ? y a-t-il un âge pour commencer ces pratiques selon toi ?


J’ai soixante-quinze ans. Je dirais qu’il n’y a pas d’âge pour débuter un apprentissage martial ayant moi-même débuté à 31 ans. Toutefois il faut que le corps et l’esprit soient disponibles ainsi que la volonté qui doit être ferme dans l’apprentissage. J’ai eu par le passé un élève qui avait débuté le kobudo à plus de 55 ans et il aimait beaucoup cette discipline à laquelle il accordait beaucoup de son temps libre. J’ai débuté l’apprentissage du kyudo à 49 ans.


Quelles sont les raisons qui t’ont amené à pratiquer ces disciplines ?


J’ai été policier durant 25 ans. J’ai compris immédiatement qu’une arme n’était pas la solution idéale pour résoudre les problèmes que pouvaient rencontrer le policier sur le terrain. J’ai donc cherché un club d’arts martiaux pour faire du karaté. Le dirigeant qui m’a reçu m’a conseillé l’aïkido. C’était lui le spécialiste. Je n’ai jamais regretté d’avoir suivi son conseil. Le kobudo était si j’ose dire la continuité de l’aïkido et j’y suis venu naturellement.


A quelle fréquence pratiques-tu ?


Je pratique les trois disciplines chacune une fois dans la semaine. A cela s’ajoute les stages en kyudo et kobudo.


Comment s’appelle ton ou tes clubs ? Ou se situe-t-il ? combien as-tu d’élèves ?


Mon club s’appelle GAKKO DENTO. Je l’ai créée en 1988 avec au départ la seule section de kobudo. Il se situe à BELFORT. Au total près de 120 personnes sont adhérentes et pratiquent dans les 8 disciplines martiales chinoises, japonaise et de bien être qui sont proposées (Kobudo ; Kyudo ; Ninjutsu, Tai chi chuan, Tai Ji shan, Tai Ji Dao, méditation guidée, lithothérapie). Nous avons une médiathèque où l’on peut trouver d’excellents ouvrages culturels sur les pays dont sont originaires les disciplines enseignées.


Quel est le profil de tes élèves ?


Le profil de mes élèves. Le pourcentage hommes femmes est pratiquement identique. Dans certaines disciplines les femmes sont plus nombreuses. La moyenne d’âge est moins élevée dans la pratique du ninjutsu et plus élevée dans celle du tai chi chuan. Nous n’avons que très peu de mineurs ceux-ci s’activant principalement en ninjutsu.


Proposes-tu des cours particuliers ?


Je ne propose pas de cours particulier. Je suis un bénévole. Je consacre environ dix heures par semaine à mes élèves entre ma fonction d’instructeur et le travail administratif et relationnel avec les collectivités locales.


C’est quoi la méthode Oudart pour toi ? En quoi ta pratique est-elle différente des clubs de sports classiques ?


Parler de méthode ce serait dire que l’art d’origine transmis par Yoshio SUGINO Sensei à Lionel OUDART aurait été transformé par celui ci pour en faire sa méthode personnelle. Lionel OUDART Sensei a transmis ce qui lui a été transmis en utilisant sa ‘ méthode de transmission’. Un ‘menkyo’ lui a été délivré pour cela par maître Goro HATAKEYAMA Sensei.

Mais il ne s’est pas contenté d’être un passeur d’art! Il l’a aussi exploré. Ainsi, sous sa direction avons nous décortiqué les kajo d’origine transmis par SUGINO Sensei pour en extraire les ‘ bunkai ‘ de kenjutsu, de bo jutsu, naginata jutsu en gardant le fond du kajo d’origine. De même la pratique du yawara jutsu a été abordée alors que cette discipline n’est plus pratiquée au JAPON. Tout cela demande de la recherche, de l’énergie, du temps et de la disponibilité pour enseigner aux plus anciens qui ont été associés à ses recherches.

Enfin le domaine de l’étiquette a également été exploré. Celle que nous suivons est proche des origines. De même la pratique du mondo qui est une spécificité de l’école OUDART et qui intéresse pas mal de monde y compris au Kyudo. En effet à quel moment peut il y avoir un ‘débat’ dans un stage ou un cours si ce n’est pas avant le cours ou le stage afin de déclencher parfois des prises de conscience !

Quand je regarde autour de moi les autres clubs pratiquant le KATORI, ou que je visionne les vidéos consacrées à l’école TENSHIN SHODEN KATORI SHINTO RYU je m’aperçois que les styles des deux derniers principaux Sensei de l’Ecole au 20ème siècle, à savoir Yoshio SUGINO Sensei et Minoru MOCHIZUKI Sensei sont à présents mélangés et que même, dans certains kajo, on peut y voir des mouvements du style de Ritsuke OTAKE Sensei le Soké de l’Ecole KATORI SHINTO RYU. Quel est le style d’origine du mélange? Ritsuke OTAKE Sensei a préservé le style qui lui a été transmis et dans ses présentations il n’y a que son style bien particulier et rien d’autre.

Ne peut-on pas préserver les styles enseignés par les maîtres qui les ont transmis ? Nous serions plus riches d’enseignements et de compréhension des techniques.

On pourrait ainsi dire que Lionel OUDART Sensei se place dans la même veine qu’OTAKE Sensei. Le fond et la forme. Personnellement cela ne m’apporte rien et ne m’enlève rien. Chacun fait ce qu’il veut. La vérité est ailleurs! C’est au pied du mur que l’on voit le maçon dit un proverbe. Le fond est ce qui nous ramène à l’origine. La forme est la manière de la présenter. Travailler le fond est important afin de préserver l’identité ‘du style’.


Quelle est ta technique préférée/ton geste préféré ?


Mon mouvement préféré est le tsuki. Simple (enfin…) efficace et souvent surprenant pour le partenaire.


Un adjectif ou un mot qui te résume dans ta pratique ?


L’humilité apprise chez Lionel OUDART. Pour moi, dans le kobudo il n’y a pas de place pour les prétentieux qui un jour ou l’autre se retrouvent forts marris et surpassés. L’humilité est d’accepter sa défaite, qui en soi, n’est pas déshonorante à partir du moment où l’on en tire une leçon !


Un message pour la jeune génération ?


Message simple à enregistrer : Regarder, reproduire, s’entraîner avec patience, poser les bonnes questions faire confiance à son instructeur. Garder l’humilité (kenson) et l’état d’esprit du débutant (shoshin).

Yoshio SUGINO Sensei n’hésitait pas à refaire un mouvement qu’il venait de présenter s’il considérait qu’il ne l’avait pas correctement exécuté. Les maîtres ont aussi droit à l’erreur. Le kobudo est pour moi la meilleure école pour apprendre l’humilité. Les erreurs des autres sont inacceptables les nôtres sont inévitables dit le proverbe. Nous devons les accepter et ne pas nous trouver d’excuses bidon afin de travailler sur notre égo.

Au fil des années de pratique notre vision, sur certaines choses importantes de notre existence, évolue. Normal puisque, régulièrement, nous sommes confrontés à un psychodrame que nous ignorons la plupart du temps. La prise de conscience vient plus tard. Pour cela il faut sans cesse se remettre en cause et procéder régulièrement à une introspection. Avoir un champ de vision plus large que le commun des mortels nous permet de prendre du recul par rapport aux évènements. Tout cela peut faire l’objet d’un mondo.






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